Astrologie et astronomie
L'astrologie est la « science des astres »
du grec logos (science, discours) et astron (astre).
Science des astres, l'astrologie est-elle un art divinatoire, une pseudo science, une technique de développement personnel ou une des sciences du futur? La discipline associe des bases astronomiques à une lecture symbolique. Mais peut-on la considérer comme une science au sens moderne du terme?
Nous examinerons dans un premier article si quatre éléments fondamentaux de l'astrologie se référant à l’astronomie sont vraiment scientifiques :
les maisons astrologiques, autrement dit le parcours du soleil en une journée
les aspects angulaires formés par les planètes à un moment donné
Note : dans l'article suivant, "Astrologie et symbolisme", nous nous interrogerons sur les outils symboliques soutenant l'interprétation des astres.
Entre l'admiration du mathématicien Copernic et l'ironie sarcastique de Voltaire, le philosophe des Lumières, qui faut-il croire ?
"Si la dignité des arts était évaluée d'après les matières dont ils traitent, celui que certains appellent astronomie, d'autres astrologie [...] serait de beaucoup le plus haut." Nicolas Copernic, astronome (1473-1543)
"La superstition est à la religion ce que l'astrologie est à l'astronomie, la fille folle d'une mère sage" Voltaire (1694-1778)
Les bases astronomiques de l'astrologie
Le thème astral (ou horoscope) est un cercle figurant le ciel autour de la terre sur lequel est inscrite la position de différents "objets célestes".
Les astres, repérés par les éphémérides astronomiques, le zodiaque, l'Ascendant, le Milieu du Ciel et l'ensemble des maisons, les aspects entre les planètes, tous ces éléments ont-ils une réalité astronomique?
L’astronomie est la fille de l’astrologie : les premiers astrologues étaient des astronomes, (du grec nomos, loi ou connaissance) ; c’est pour anticiper l’influence des astres sur la vie humaine que les astrologues ont observé et noté leurs mouvements.
Nos sciences contemporaines ont hérité de leurs découvertes, de leurs outils, de même que l’astrologie.
Quels sont ces outils ? Sont-ils scientifiques?
I Les « planètes », un premier élément de réponse
L’astrologie moderne s’appuie sur la connaissance de la position et du mouvement des planètes établis quotidiennement par les éphémérides.
A l’origine, les astrologues-astronomes babyloniens (1800 av. J.C.,), ancêtres de notre astrologie méditerranéenne fondaient leur interprétation sur les mouvements de trois astres : deux luminaires, Soleil et Lune, et la planète Vénus.
L’astrologie romaine intégra le mouvement de sept planètes auxquelles elle donna leur nom, issu de la mythologie. Jusqu’au XVIIIème siècle du calendrier grégorien, l’astrologie traditionnelle occidentale interpréta le cours des sept astres visibles depuis la Terre ; le Soleil (une étoile), la Lune (un satellite), et les planètes Mercure, Vénus, Mars, Jupiter et Saturne.
Après les découvertes d’Uranus en 1781, de Neptune en 1846 et de Pluton en 1930, l’astrologie traditionnelle ouvre le champ de son interprétation à ces trois planètes dites « transpersonnelles », puis plus largement aux astéroïdes, dont le premier, Cérès, fut découvert dès 1801.
Note : depuis 2006, l'UAI (Union astronomique internationale) a rétrogradé Pluton au rang de planète naine.
Note : Aujourd’hui l’astronomie a répertorié plusieurs millions d’astéroïdes. Certains astrologue fondent leur interprétation sur certains d’entre eux : Chiron, Vesta, Junon …
Les astrologues appuient donc bien leur interprétation sur le cours astronomique, scientifique des astres.
Cependant la position des astres dans les signes du zodiaque pose une nouvelle question.
II Le zodiaque est-il un outil scientifique?
1) Le zodiaque et les 12 signes
Le Zodiaque établi par les astronomes de Babylone, 5000 ans av. J.C. est une bande elliptique, jalonnée par les constellations, autour de la terre. Le Soleil et les planètes, vus de la terre, semblent la parcourir en une année.
Les astronomes anciens en ont fait un cercle, divisé en 12 portions égales, les signes, nommés en relation avec les figures que les constellations semblaient dessiner.
Le nom zodiaque vient du mot grec zoon, « animal », puisque toutes les constellations du Zodiaque (sauf la Balance et le Verseau) figurent des créatures vivantes.
Nous le savons depuis Galilée, c’est bien la terre qui tourne autour du soleil et non l’inverse, mais cela ne change rien à notre perception : pour l’observateur terrestre, au fil des mois, le soleil traverse les signes, ces différentes zones du ciel, découpées en 12 portions de 30°. Cette mesure est aussi celle de nos mois.
La science comptabilise plus de douze constellations dans le ciel : Ptolémée, au second siècle, en répertoriait 42, et depuis 1922, l’ensemble du ciel est divisé en 88 constellations conventionnellement délimitées par l’Union Astronomique Internationale.
Note : les portions de 30° ne recoupent pas l’étendue réelle des signes ; les constellations diffèrent par leur taille ; par exemple, le soleil est dans l'alignement du Scorpion pendant seulement 9 jours, tandis qu'il passe 37 jours devant les Poissons. Certains astrologues rajoutent même un treizième signe, le Serpentaire, situé entre le Scorpion et le Sagittaire.
Et de plus, le zodiaque lui-même est en mouvement dans l'univers.
2) Zodiaque tropical et zodiaque sidéral
Le début du zodiaque traditionnel coïncide avec l’équinoxe de printemps au moment où le cercle de rotation de la terre autour du soleil (écliptique) croise celui de la terre sur elle-même (équateur céleste) : ce qu’on appelle le point vernal.
Il y a deux mille ans, au moment de l’équinoxe, ce point vernal pointait vers la constellation du Bélier. Mais dès le second siècle avant J.C., l’astronome Hipparque découvrit que le point vernal se déplace très lentement, d’environ 1° pour 72 ans, par rapport aux étoiles fixes. Au fil des siècles, il est ainsi passé du Bélier aux Poissons.
Si bien que le 20 mars 2022, au moment de l’équinoxe, l’axe de la terre ne pointe plus vers le premier degré du signe du Bélier, mais vers le 5ème degré du signe des Poissons.
Le zodiaque tropical diffère du zodiaque sidéral ;
le zodiaque tropical ne tient compte que de la position de la terre face au soleil manifestée par la succession des saisons.
Le zodiaque sidéral est en lien avec le mouvement de l’univers.
Note : Les premiers astrologues utilisait le zodiaque sidéral et ce n’est qu’au XIXème siècle que le zodiaque tropical est devenu la norme pour les astrologues occidentaux.
3) Mais alors ? de quel signe suis-je donc ?
En occident, la réponse à cette question dépend du mois de naissance et de la culture du lieu où on vit. Elle désigne aujourd'hui, en occident, le signe du zodiaque tropical où séjourne le soleil à la date anniversaire.
Les différentes cultures du monde ont créé, calculé, d’autres représentations du mouvement des astres :
- les celtes élaboraient un calendrier annuel du passage du soleil dans 21 signes aux noms d’arbres.
- les hindous tiennent compte des mouvements de la lune plus que ceux du soleil ;
- les mongols se focalisent sur la période du mois où a lieu la naissance.
Le zodiaque est une convention scientifique, aussi mathématique qu'une horloge mesurant le temps sur une année. Les différentes théories du zodiaque ont été élaborées par différentes cultures pour désigner des réalités astronomiques différentes.
Complémentaire du signe solaire, la mesure de la position de l'ascendant sur le zodiaque a t'elle une réalité astronomique?
III Quel est ton ascendant?
Les douze maisons astrologiques sont le fruit d’un calcul astronomique qui met en relation l’écliptique (où se situe le zodiaque), le méridien local du lieu de naissance et la course du soleil pendant la journée de la naissance, variable selon les saisons.
Le calcul de la position de ces maisons s'appelle la domification. Il existe plusieurs techniques de calcul, mais on peut dire que :
L’ascendant est le début (qu’on appelle pointe ou cuspide) de la première maison.
Point d’intersection entre l’horizon à l’est et le cercle du zodiaque (l’écliptique), il figure la ligne d'horizon à l'heure de la naissance, avant ou après le lever du soleil.
Note : Selon l’heure de la naissance, avant ou après le lever du soleil, l’ascendant se situe avant ou après le signe qui est à l’horizon au moment du lever du soleil.
Note : l'ascendant, comme tous les points du thème, varie selon qu'ion utilise le zodiaque tropical ou sidéral
Le Milieu du Ciel est le début (pointe, cuspide) de la dixième maison.
Il correspond au moment où l’ombre est la plus courte, le point où culmine le Soleil, à l'heure et au jour de la naissance.
Le Milieu du Ciel est le point d’intersection entre le méridien local et le cercle du zodiaque (l’écliptique).
La position du Milieu du Ciel détermine un axe vertical avec le Fond du Ciel sur le signe opposé du zodiaque.
La position des maisons : l’espace entre l’Ascendant et le Milieu du Ciel, puis entre l’ascendant et le Fond du Ciel, est divisé mathématiquement pour déterminer la position des cuspides des autres maisons. (douze en tout)
Les méthodes de domification reposent sur des calculs astronomiques revenant à découper la journée en 12 en fonction de l'heure du lever du soleil.
Un dernier outil d'analyse astrologique concerne les relations entre les différents points du thème astral. Ont-elles une base scientifique?
IV Ma Vénus est-elle bien aspectée?
Les aspects sont les angles formés par les planètes entre elles et avec les axes du thème astral. Calculés selon les principes de la trigonométrie mathématique, ils sont mesurés en degrés, minutes et secondes.
Note : La division d’un cercle théorique et idéal, divisé en 360° remonte au Sumériens qui l’auraient transmise aux Babyloniens. Les grecs, - l’inventeur du Zodiaque, Hipparque de Nicée est aussi celui des tables trigonométriques.- puis les arabes et enfin le monde occidental ont conservé cette mesure du temps directement issue des angles astronomiques.
Note : On utilise au quotidien ce système numérique sexagésimal pour donner l’heure : on divise chaque heure en 60 minutes et chaque minute en soixante secondes, comme on divise le jour en 24 heures et l’année en 12 mois et plus ou moins 360 jours.
L’astrologie ne retient que les angles les plus remarquables du cercle :
Les aspects majeurs sont les angles issus de la division du cercle par les 4 premiers nombres entiers (1, 2, 3, 4) :
La conjonction de 0° d’angle (360/1) : les planètes se situent au même lieu du zodiaque ; même signe et même degré (avec une marge).
L’opposition à 180° d’angle (360/2) : les planètes se situent sur des signes opposés du zodiaque, approximativement au même degré.
Les trigones à 120° d’angle (360/3)
les carrés de 90° d’angle (360/4)
Les aspects mineurs sont calculés par la division par deux aspects majeurs : sextile (60°) et semi carré (45°), semi-sextile (30°) .
Note : Certains astrologues admettent également des aspects dits Képleriens, pour la division du cercle par le nombre premier 5 : le quintile 72° et ses dérivés semi-quintile (36°) et le biquintile (144°). Note : Les angles de 150° (le quinconce) ou de 135° (le sesqui-carré) proviennent d’une relation de proportionnalité : 150° représentant les 3/4 de 180° et 135°, les 5/3 de 90°. Bien qu’ils ne soient pas issus d’une division du cercle par un nombre premier, un grand nombre d’astrologues les considèrent comme des aspects.
Cette division du zodiaque en angles est une représentation de passage du temps et du cycle des planètes.
Les aspects entre les planètes recouvrent une réalité mathématique, qui traduit en termes de distance angulaire, la position respective des astres dans le ciel, vus depuis la Terre.
Conclusion : les bases astronomiques de l'astrologie sont-elles scientifiques ?
L’astrologue occidental utilise, pour les interpréter, des éléments qui ont des bases astronomiques validées : le mouvement des planètes, la position des constellations, les angles de la trajectoire du soleil au lieu et jour de la naissance, les angles entre les planètes.
Ces différents calculs ont permis aux astrologues-astronomes de créer ce que nous utilisons encore aujourd'hui comme mesure du temps.
Un temps, qui comme l'a découvert la science astronomique moderne, avec Einstein, est une illusion! Une simple convention ! bien pratique pour notre vie de terriens !
Ce n’est donc pas sur le plan de ses bases astronomiques qu’on peut refuser à l’astrologie une qualité scientifique.
Cependant l’astrologie ne se résout pas à ces calculs astronomiques.
Il fait appel, pour son interprétation, à d’autres disciplines reconnues ou non par la science contemporaine :
- sciences humaines, écoles de psychologie ou de psychanalyse
- disciplines ésotériques de l’interprétation des symboles, numérologie, géométrie sacrée, Mathématique spirituelle
- sans oublier les indispensables dons de l'intuition et de l'expérience.
L'astrologie, faisant recours aux sciences humaines ou ésotériques reste-t'elle une discipline scientifique?
Nous développerons ce questionnement dans la seconde partie de L’astrologie est-elle une science ? : "Astrologie et symbolisme"
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